Les aidant∙es proches : rôle, santé & accompagnement

Fiche informative destinée aux médecins généralistes

Aidant∙e proche (AP)

« toute personne qui apporte une aide régulière à un∙e proche en déficit d’autonomie quelle qu’en soit la nature (handicaps, pathologies, vieillissement, etc.) et quel que soit l’âge de la personne aidée » (ASBL AP).
https://www.aidants-proches.be/

Introduction

En 2018, l’aidance proche concerne 12,2% de la population belge de 15 ans et plus. Au moins 14% des jeunes en école secondaire seraient concerné∙es . Les femmes constituent la grande majorité des aidantes proches. Les chiffres peuvent varier selon les sources mais toutes indiquent que le genre est un facteur déterminant. La moyenne d’âge est de 60 ans
et toutes les classes socio-économiques sont concernées. Cette activité de soin représente une économie publique de 12,5 milliards d’euros par an. Ces personnes indispensables au système de santé sont actuellement invisibilisées, non rémunérées et sans protection sociale.

En tant que médecin généraliste, vous pouvez

  • 1
    Identifier les personnes qui ont un∙e aidant∙e proche dans votre patientèle et/ou
    les personnes qui sont aidant∙es proches
  • 2
    Les considérer comme des parties prenantes dans l’accompagnement et le soin aux patient∙es
  • 3
    Porter une attention à la santé des aidant∙es proches

1) Les identifier

  • Quelqu’un∙e vous aide-t-il pour les activités au quotidien ? (se laver, manger, faire
    les courses, se déplacer, …)
  • Apportez-vous une aide régulière à une personne de votre entourage (soins,
    déplacement, repas, etc.)

La majorité des AP s’ignorent. Ces 2 questions devraient être intégrées dans l’anamnèse des patient∙es (particulièrement celles et ceux atteint∙es de pathologie chronique, de handicap permanent, séquelles d’accident, addictions, vieillissement et perte d’autonomie ou dont un∙e proche se trouve dans cette situation).

2) Des partenaires

Les AP favorisent le maintien à domicile de beaucoup de patient∙es. Organiser une consultation avec l’AP – avec l’accord de l’aidé∙e et dans le cadre de son accompagnement et de ses soins – favorise la reconnaissance de son rôle et l’intègre dans le parcours de soin de la patientèle. Plusieurs questions peuvent guider l’entretien pour rester au plus proche de ses capacités :

  • Que savez-vous de la maladie ?
  • Qu’est-ce que vous avez compris ?
  • Que faites-vous déjà ?
  • Avez-vous des questions, des craintes ? (sur la maladie, les gestes à faire ou pas, la
    gestion des médicaments, etc.)

3) Leur santé

Les AP ont tendance à prioriser les soins de leur proche et à reporter leurs propres soins. La prévention et la promotion de la santé chez les AP s’organisent donc dès l’annonce du diagnostic de l’aidé∙e et se prolonge tout au long du parcours. 3 points d’attention sont à prendre en compte en 1ière ligne de soin, lors d’une consultation avec l’aidant∙e proche :

1) L’aidance proche augmente le risque de pathologies cardiovasculaires, principalement d’hypertension artérielle. Il convient de :

  • Suivi systématique de la tension artérielle des AP. Être une femme aidante et s’occuper d’un∙e proche dément∙e sont deux facteurs de risque supplémentaires.
  • Qu’est-ce que vous avez compris ?
  • Insister sur l’importance des activités de plaisir personnelles car celles-ci
    diminuent le risque d’HTA.
  • Plus généralement, des AP témoignent de difficultés gastro-intestinales, de
    douleurs parfois chroniques ou encore de développement de maladies auto-
    immunes. Il est important de rester à l’écoute des différents problèmes de
    santé exprimés.

2) La dépression, l’anxiété et l’épuisement sont fréquents. Vous pouvez :

  • Identifier les soutiens possibles pour l’AP (ASBL AP, entourage, aides à domicile, etc.).
  • Proposer un suivi thérapeutique (psychologue, groupe de parole, etc.) pour favoriser des stratégies d’adaptation déquates et diminuer le risque d’épuisement.

3) Les AP sont à risque d’isolement social et de précarité financière.

  • La reconnaissance mutuelle de l’aidance proche favorise le soutien de l’école ou du milieu de travail ainsi qu’une potentielle rémunération.
  • L’ASBL JAP favorisent le soutien scolaire et soulagent le ou la jeune au quotidien.

En bref, recommandations en cabinet de médecine générale

  • Identifier les AP de tout âge, y compris les enfants/jeunes.
  • Consultation systématique de promotion de la santé et prévention pour l’AP.
  • Suivi particulier de la santé, dont la santé cardiovasculaire et la santé mentale.
  • Maintenir le travail, dans la mesure du possible, qui est une forme de répit et de lien social extérieur.
  • Intégrer l’AP dans le parcours de soin de son aidé∙e et valoriser son expertise sans le ou la surcharger.
  • Référer aux associations d’aidance proche

Réseau et ressources

Une reconnaissance officielle depuis 1er septembre 2020

Il existe deux types de reconnaissances. Celles-ci se font via la mutuelle de l’AP.

1. La reconnaissance symbolique

Cette reconnaissance permet aux AP de conscientiser leur rôle, de porter attention à leurs limites et de recevoir du soutien de la part des mutuelles. Elle peut faciliter aussi une flexibilité au niveau du travail ou de la scolarité. Des communes bruxelloises ou villes wallonnes utilisent aussi ce cadre législatif pour octroyer des facilités aux aidant∙es proches.

2. L’accès aux droits sociaux

Il est possible, sous certaines conditions, de demander un congé thématiques « aidant∙e
proche » de 3 mois à temps plein ou de 6 mois à temps partiel.