Aborder la prévention cardiovasculaire avec nos patient·e·s

Proposer le dépistage du risque cardiovasculaire global implique une démarche active du médecin, à l’occasion d’une consultation générale, centrée sur une pathologie cardiovasculaire ou sur tout autre chose. Ce dépistage reste primordial à réaliser auprès de tous les patient·e·s à partir de 40 ans en raison de l’importance des mortalité et morbidité cardiovasculaires.

OUTILS

Depuis 2021, la table de risque SCORE2 est validée pour évaluer le risque CV global : Score 2 Belgique et Score 2 OP (certains outils référencés sur cette page utilise encore l’ancienne table SCORE mais nous les affichons car ils proposent des outils intéressants, tel que l’acronyme ABCDEFGH).

Les outils disponibles pour déterminer le risque cardiovasculaire (algorithme ABCDEFGH et « table SCORE ») sont simples, cliniques, pratiques et rapides (un taux de cholestérol n’est pas systématiquement nécessaire).

L’intérêt de la prescription de statines en prévention cardiovasculaire primaire reste incertain, malgré les recommandations médicales favorables à cette prescription dans de nombreux cas. C’est pourquoi la prescription d’hypocholestérolémiant tels que des statines doit faire l’objet d’une décision médicale partagée, en abordant la balance bénéfices-risques avec les patients. Des outils tels que le site interactif du KCE (SCORE) ou le site de l’université d’Utrecht (SCORE2) peuvent y aider.

PROMOTION DE LA SANTÉ & PRÉVENTION

Le dépistage et la prise en charge qui s’en suit se font dans une démarche de dialogue avec la·le patient·e. Lors de ce dialogue, la·le patient·e peut évoquer des inconvénients, des freins ou des craintes à essayer de changer ses habitudes de vie.
Une première négociation avec la·le patient·e est nécessaire pour déterminer son risque individuel.
Pour les patient·e·s à risque élevé, une deuxième négociation prendra place. Il s’agira d’identifier concrètement, avec la·le patient·e, une ou plusieurs intervention(s) pour atteindre les « cibles thérapeutiques prioritaires ».
Prendre connaissance des avantages et des inconvénients de ce dépistage − tels que pourraient l’exprimer la·le patient·e et le penser le médecin − peut aider à anticiper les enjeux de ces négociations.
Le dépistage du risque cardiovasculaire global et le suivi de la·du patient·e à risque croisent d’autres thématiques : aborder la question du tabac, la consommation d’alcool, l’alimentation, l’activité physique ou encore la santé bucco-dentaire. Les liens avec la santé bucco-dentaire sont importants et pourtant peu abordés en consultation. Pour vous aider, nous vous proposons 3 outils pour prévenir et promouvoir la santé bucco-dentaire en médecine générale : 

Avantages et inconvénients du dépistage
du risque cardiovasculaire GLOBAL

AVANTAGES à pratiquer (ou à proposer) le dépistage du risque CV

  • Permet de connaître ses risques et de savoir comment les diminuer
  • Permet d’espérer vivre en meilleure santé et plus longtemps
  • Permet de discuter avec son.sa médecin des mesures à prendre
  • Permet de discuter avec son.sa médecin des moyens pour dépasser les difficultés pour appliquer les différentes mesures

Sentiment de faire son travail de prévention selon les règles de bonnes pratiques
Sentiment d’être utile à son.sa patient.e
Ouvre la porte à un dialogue avec le.la patient.e à propos de ce qui est important ou pas, acceptable ou envisageable pour lui.elle

La méthode et l’outil (SCORE2) sont particulièrement bien adaptés :

  • Permet d’obtenir une vision objective et globale du risque encouru
  • Évite de se laisser impressionner par des éléments isolés, ayant un impact moins sévère que suspecté
  • Permet de tenir compte d’éléments individuels particuliers qui doivent moduler le risque individuel.
    (démarche intellectuelle gratifiante)
  • Permet d’élaborer une stratégie thérapeutique pertinente et personnalisée sur des bases EBM et modulées par les particularités du.de la patient.e
  • Permet au.à la patient.e de comprendre l’utilité des mesures thérapeutiques comportementales ou médicamenteuses qui sont proposées et de celles qui ne le sont pas
  • La visualisation graphique colorée rend moins abstraites ces notions
  • La visualisation du changement de niveau de risque par modification d’un ou plusieurs paramètres a un effet motivant
  • Le temps consacré à l’évaluation devient très vite négligeable
  • Diminue les accidents majeurs, leurs complications et les traitements lourds
  • Permet de cibler la population chez qui les mesures de prévention énergiques, médicamenteuses ou comportementales, sont particulièrement efficientes, avec une diminution de morbi‐mortalité nette (individus à risque élevé à très élevé)

INCONVENIENTS de faire (ou de proposer) le dépistage du risque CV

  • Peur d’être confronté à un risque plus élevé qu’imaginé
  • Crainte de se voir proposer des mesures comportementales contraignantes (régime, privations…)
  • Crainte de devoir prendre des médicaments
  • Effets indésirables de nouveaux médicaments potentiels

Dépister les risques, c’est les prendre en charge ; cela va prendre du temps en consultation.
Risquer d’importuner le.la patient.e qui n’est pas demandeur.euse et/ou qui ne vient pas pour cela.

Du point de vue de la nouvelle méthode proposée aujourd’hui :

  • L’utilisation de l’algorithme et des tables SCORE2 demande un peu de temps, au début
  • C’est encore parfois un changement de mode de raisonnement
  • Il faut se départir de certaines influences antérieures (publicités ou discours académiques de naguère)

Plus généralement,

  • Risque de surdiagnostic
  • Risque de surtraitement