Proposer les vaccinations à nos patient·e·s adulte en médecine générale

En tant que médecin généraliste, vous bénéficiez de la confiance de vos patient·e·s pour proposer, au cours d’une consultation, les vaccins recommandés chez l’adulte. La recommandation d’un·e professionnel·le de santé demeure un élément déterminant dans l’acceptation de la vaccination.

OMS/UNICEF, Facteurs comportementaux et sociaux de la vaccination. Outils et conseils pratiques pour parvenir à une adoption vaccinale élevée, 2022

Lambert H., Scheen B. Lu pour vous : Dubé, E., Laberge, C., Guay, M., Bramadat, P., Roy, R., & Bettinger, J. A., L’hésitation vaccinale : un état des lieux. Woluwe-Saint-Lambert : UCLouvain/IRSS-RESO, 2020, 5 p.

OUTILS

  • Des exemples – avantages, inconvénients– de ce que pourrait savoir un·e patient·e, de ses réticences et préoccupations ont été rassemblés. Vous pouvez partir de ce que le·la patient·e exprime pour lui donner ensuite des informations objectives et des explications.
  • Par ailleurs, la cellule spécifique « Vaccination » de la SSMG a sélectionné pour vous différents articles, brochures et autres liens utiles.

PROMOTION DE LA SANTÉ & PRÉVENTION

L’enjeu est double, individuel et collectif

  • D’un côté, pour éviter les transmissions (ex : la diphtérie), l’atteinte et le maintien d’un bon taux de couverture vaccinale sur l’ensemble de la population assure la protection collective.
  • De l’autre, la démarche d’une personne pour se protéger elle-même d’une maladie non contagieuse d’humain à humain (ex : le tétanos) est d’ordre personnel.

Bien souvent, les deux enjeux coexistent – dans le cas de la rougeole par exemple – et aussi, très concrètement lorsque des vaccins sont associés, comme ceux contre la diphtérie et le tétanos !

Dans tous les cas, il s’agit d’abord d’ouvrir le dialogue et d’aider le·la patient·e à faire le point dans une démarche centrée sur le·la patient·e ; c’est en prenant en compte ses réserves et en l’amenant à s’exprimer, à réfléchir, qu’il sera possible de construire une réponse. Si le·la patient·e se montre indécis·e ou peu concerné·e par un projet vaccinal, vous pouvez la·le sensibiliser en lui proposant une information objective et complémentaire à l’exploration de ses connaissances actuelles.

C’est en partant de la parole du·de la patient·e qu’il sera possible de renforcer ses motivations et de construire avec lui·elle un projet de prise en charge vaccinale.

  • Contrôle de l’existence d’une primovaccination adéquate (3 doses)
  • Un rappel tous les 10 ans
  • Rattrapages éventuels en cas de discontinuités ou de retards

Une vaccination annuelle aux personnes qui font partie d’un groupe à risque :

Groupe 1 : Les personnes à risque de complications à savoir

  • les femmes enceintes qui seront au deuxième ou troisième trimestre de grossesse au moment de la saison de la grippe ;
  • tout·e patient·e à partir de l’âge de 6 mois présentant une affection chronique sous-jacente, même stabilisée, d’origine pulmonaire (incluant l’asthme sévère), cardiaque (excepté l’hypertension), hépatique, rénale, métabolique (incluant le diabète), neuromusculaire ou des troubles immunitaires (naturels ou induits) ;
  • toute personne de 65 ans et plus ;
  • les personnes séjournant en institution ;
  • les enfants de 6 mois à 18 ans compris sous thérapie à l’aspirine au long cours.

Groupe 2 : le personnel du secteur de la santé.

Groupe 3 : les personnes vivant sous le même toit que des personnes à risque du groupe 1 ou que des enfants de moins de 6 mois.

D’après l’avis 9674 du CSS (08/2022) concernant la vaccination contre le pneumocoque chez l’adulte, on distingue trois groupes cibles d’adultes :

  1. Les adultes présentant un risque accru d’infection pneumococcique
    • Adultes présentant un trouble immunitaire ;
    • Adultes présentant une asplénie anatomique et/ou fonctionnelle, une drépanocytose ou une hémoglobinopathie ;
    • Adultes présentant une fuite du liquide céphalo-rachidien ou porteur d’un implant cochléaire.
  2. Les adultes présentant une comorbidité
    • Souffrance cardiaque chronique ;
    • Souffrance pulmonaire chronique ou fumeurs ;
    • Souffrance hépatique chronique ou abus d’alcool ;
    • Souffrance rénale chronique ;
    • Diabète ;
    • Maladies neurologiques ou neuromusculaires chroniques à risque d’aspiration.
  3. Les adultes en bonne santé de 65 ans et plus

Groupes cibles pour la vaccination antipneumococcique chez l’adulte

Le schéma vaccinal préconisé est fonction de l’appartenance du·de la patient·e à l’un de ces 3 groupes :

  1. Les adultes de 16 à 85 ans présentant un risque accru d’infection pneumococcique
    • Primovaccination PCV13 suivi de PPV23 après 8 semaines minimum
    • Revaccination PPV23 tous les 5 ans
    • Personnes ayant été vaccinées par le passé au moyen du PPV23 : vaccination unique au moyen du PCV13 au moins 1 an après le dernier vaccin PPV23
    • Recommandations complémentaires : voir CSS 9158 « Vaccination d’enfants et/ou d’adultes immunodéficients ou malades chroniques »
  2. Les adultes de 50 à 85 ans présentant une comorbidité
    • Primovaccination PCV13 suivi de PPV23 après 8 semaines minimum
    • Personnes ayant été vaccinées par le passé au moyen du PPV23 : vaccination unique au moyen du PCV13 au moins 1 an après le dernier vaccin PPV23
    • Rappel : à évaluer en fonction des données complémentaires et de l’épidémiologie après 5 ans.
  3. Les adultes en bonne santé âgées de 65 à 85 ans
    • Primovaccination PCV13 suivi de PPV23 après 1 an minimum (revaccination non recommandé)
    • Personnes ayant été vaccinées par le passé au moyen du PPV23 : vaccination unique au moyen du PCV13 au moins 1 an après le dernier vaccin PPV23
    • Si l’on choisit de n’administrer qu’un seul vaccin antipneumococcique, l’utilisation du PPV23 est recommandée afin d’offrir la protection la plus
      large.
  4. Les adultes de plus de 85 ans
    • Les données sont peu nombreuses actuellement au sujet de l’effet de la vaccination antipneumococcique au-delà de 85 ans. Sur une base individuelle, prenant en compte le risque d’une infection pneumococcique et l’estimation de la réponse immunitaire au vaccin, la·le médecin traitant peut vacciner une personne de plus de 85 ans selon le schéma proposé.

Après avoir analysé toutes les données disponibles, les expert·e·s du KCE et de l’Universiteit Antwerpen ont conclu que le PPV23 et le PCV13 sont tous deux susceptibles de réduire le nombre d’épisodes de maladies à pneumocoques (et de décès) chez les personnes entre 50 et 84 ans, mais qu’il n’est pas possible d’affirmer avec certitude que, dans l’absolu, l’un des deux a plus d’impact que l’autre, étant donné les possibles évolutions de l’épidémiologie et des données scientifiques disponibles au sujet de l’efficacité de ces deux vaccins. Par ailleurs, au-delà de 85 ans, aucun des deux vaccins n’a fait la preuve de son efficacité.

D’après les estimations du KCE et de l’Universiteit Antwerpen, la stratégie qui offre le meilleur rapport coût-efficacité est la vaccination avec le PPV23 des personnes de 75 à 84 ans à renouveler tous les 5 ans.

Une dose de vaccination dTpa pour chaque femme enceinte, quels que soient ses antécédents de vaccination, à chaque grossesse, entre les semaines 24 et 32 de grossesse, même si la femme a reçu précédemment une vaccination de rappel.

Si la vaccination n’est pas administrée durant la grossesse, elle doit l’être le plus rapidement possible en post-partum comme faisant partie de la stratégie cocoon.

La vaccination cocoon reste recommandée pour la·le partenaire et les autres adolescent·e·s et adultes entrant en contact avec le nourrisson. Cette vaccination cocoon est réalisée de préférence quelques semaines avant l’accouchement.

Au-delà d’une dose unique de rappel, aucune vaccination de rappel n’est recommandée (excepté en cas de grossesse).

N’oubliez pas que les cas de coqueluche doivent être déclarés à la cellule de surveillance des maladies obligatoires.

Les recommandations ont été mises à jour en 2023 :

  1. La vaccination préventive généralisée des filles et des garçons de 9 à 18 ans ((jusqu’à 19 révolus, c’est-à-dire les jeunes âgés d’au moins 12 ans et de moins de 19 ans au moment de commencer le schéma vaccinal) : schéma en 2 doses (0 – 6 à 12 mois)
  2. La vaccination de rattrapage pour les jeunes femmes et hommes à partir de 19 ans : schéma en 3 doses (0 – 2 – 6 mois)
  3. La vaccination des personnes dont les défenses immunitaires sont affaiblies, telles que les personnes ayant subi une transplantation ou vivant avec le VIH/sida : schéma en 3 doses de préférence avec le nonavalent. En cas de transplantation, la dernière dose 2 semaines avant l’intervention.

L’élargissement de la vaccination aux garçons et l’abaissement de la tranche d’âge a pour but d’étendre la prévention à tous les autres types de cancers liés à l’HPV virus (autre que le cancer du col de l’utérus), mais aussi aux verrues génitales (condylomes acuminés), d’améliorer le contrôle du virus circulant pour une meilleure immunité de groupe dans la population et de respecter le principe d’équité entre les deux sexes.

Le vaccin provoque une meilleure réponse immunitaire chez les enfants et les adolescent.es entre 9 et 14 ans.

L’ONE prévoit la mise à disposition gratuite de vaccins HPV pour les filles et les garçons dès le 1er septembre 2019.

Autres

D’autres vaccins sont conseillés en cas d’exposition particulière, ou pour certaines professions, ou en cas de contacts avec des enfants : vaccins contre la rougeole, la rubéole, les oreillons, la poliomyélite ou les hépatites A et B.

Des vaccins spécifiques peuvent être indiqués en cas de voyage (poliomyélite, fièvre jaune, typhoïde, méningo-encéphalite à tiques [FSME], etc.).

Avantages et inconvénients
de la vaccination

AVANTAGES à se vacciner  (ou à proposer la vaccination) :

  • La vaccination est importante pour se protéger individuellement de la maladie
  • Il est important de se faire vacciner pour éviter de transmettre la maladie
  • « Sans vaccination, j’ai peur d’être malade »
  • « Je pense utile de me faire vacciner quand il s’agit d’une maladie qui peut être grave »
  • « Je pense utile de me faire vacciner quand il s’agit d’une maladie très fréquente »
  • « Je pense utile de me faire vacciner quand il s’agit d’une maladie très contagieuse »
  • « Me faire vacciner aide à protéger ceux qui ne peuvent pas se faire vacciner »
  • « Me faire vacciner aide à protéger ceux pour qui la maladie est particulièrement grave »
  • « Une maladie peut disparaître si tout le monde est vacciné »
  • Dans près de la moitié des cas, c’est à l’initiative du·de la médecin que les gens se font vacciner
  • Qui d’autre que le·la médecin généraliste ou le·la médecin du travail discutera de la nécessité de la vaccination avec un·e adulte appartenant à un groupe à risque
  • Donner des informations sur les vaccinations est en soi une action très efficace : tant de rumeurs circulent à ce sujet …
  • Au moment de la consultation, le·la médecin généraliste assure pleinement son rôle lorsqu’il·elle identifie les rares cas de contre‐indication à la vaccination
  • En suivant les recommandations nationales, le·la médecin a le sentiment de faire œuvre utile

Se faire vacciner permet d’:

  • éviter d’attraper la maladie ;
  • éviter de transmettre la maladie à celles et ceux qui ne peuvent pas se faire vacciner ou à celles et ceux pour qui la maladie est particulièrement grave ;
  • éradiquer ou éliminer certaines maladies qui ont des modes de transmission très spécifiques, dont un réservoir de virus exclusivement humain, et si toute la planète se fait vacciner (exemple de l’éradication de la variole et de celle, en cours, de la poliomyélite).

Les complications graves de la vaccination sont estimées, toutes maladies confondues, 10.000 fois moins fréquentes que les complications graves des maladies.

La plupart des vaccins administrés aux enfants ont un taux de succès proche de 90% (souvent de plus de 95%).

L’immunité collective protège le petit nombre de personnes qui sont trop jeunes pour être vaccinées (par exemple, les nourrissons de moins de 2 mois) ou qui ne peuvent pas être vaccinées pour des raisons de santé ou chez qui le vaccin n’a pas procuré une protection suffisante.

Se vacciner contre la grippe permet de se protéger contre certaines complications d’une maladie qui peuvent avoir des conséquences graves voire mortelles chez les sujets à risque de complications : les personnes âgées de plus de 65 ans, les personnes atteintes de certaines maladies chroniques, les femmes enceintes.

Il est toujours important de se vacciner contre le tétanos : cette maladie ne s’observe plus qu’occasionnellement, mais elle est gravissime, surtout chez des personnes âgées ayant négligé les rappels de ce vaccin. En France, entre 2005 et 2007, un total de 41 cas de tétanos a été déclaré parmi lesquels 13 sont
décédés, soit une létalité de 32 %.

Se vacciner contre le pneumocoque permet de réduire une morbidité importante et une mortalité fréquente :

  • On estime à 20 000, le nombre de personnes atteintes chaque année en Belgique, d’une infection sévère due au pneumocoque (surtout la pneumonie) et à 2 000 le nombre de décès liés à ces infections.
  • Deux tiers des bactériémies à pneumocoques surviennent chez des personnes de plus de 50 ans, avec une augmentation importante des cas chez les plus de 60 ans.
  • L’administration d’antibiotiques, même adéquats, ne permet malheureusement pas la guérison de toutes les infections invasives à pneumocoques.
  • En outre, la résistance du pneumocoque aux antibiotiques s’est accrue dans plusieurs pays européens.

Se protéger contre la diphtérie reste très important malgré qu’on n’entende plus parler de la maladie (trois cas ont été déclarés en Belgique entre 1980 et 1989).
Mais aujourd’hui, au‐delà de 40 ans, plus de la moitié de la population ne posséderait plus d’immunité satisfaisante contre la toxine. Or, le risque d’épidémie réapparaît lorsqu’un tiers de la population n’est plus protégé.

Avec les voyages, il y a beaucoup de possibilités d’importation de maladies transmissibles (comme la diphtérie évoquée ci‐dessus).

Les vaccins ne gênent pas les processus de protection naturelle du corps et ils n’affaiblissent pas notre capacité à nous défendre contre les maladies ; notre système immunitaire est capable de faire face à beaucoup de stimulations et les antigènes introduits par les vaccins représentent très peu par rapport à tous ceux contre lesquels nous nous défendons chaque jour.

INCONVÉNIENTS à se vacciner (ou à proposer la vaccination) :

  • « J’ai peur d’avoir de la fièvre ou d’autres réactions après la vaccination »
  • « Je pense que les vaccins empêchent le corps de se défendre lui‐même contre les maladies »
  • « Il est très angoissant de se faire vacciner avec un nouveau vaccin, même s’il a été testé »
  • « En se faisant vacciner, il est possible d’attraper une forme grave de la maladie contre laquelle le vaccin est censé protéger »

Au sujet d’un vaccin bien précis :

  • « Je pense que la maladie n’est pas grave »
  • « Je pense que la maladie est très rare »
  • « J’ai peur que le vaccin déclenche la maladie »

Ou encore …

  • « Je n’aime pas les piqûres »
  • « J’ai peur d’avoir mal au moment de l’injection »
  • « Je pense que la vaccination ne sert à rien »
  • « Je pense que la vaccination, ce n’est pas naturel »
  • « Je ne penserai pas à faire tous les rappels »
  • « Je connais quelqu’un qui a été gravement malade à cause d’un vaccin »
  • Proposer une mesure préventive dont l’efficacité ne serait pas totalement prouvée (hésitations subjectives sur l’efficacité du vaccin contre l’hépatite B reportée sur l’ensemble des vaccins, par exemple)
  • Nombre important de vaccins à proposer et administrer
  • Devoir affronter les patient·es qui perçoivent peu l’importance de l’immunité collective
  • Fièvre et éruption cutanée bénigne
  • Rougeur à l’endroit de l’injection
  • Risque, même s’il est extrêmement limité, de complications graves (encéphalomyélite, thrombocytopénie, purpura…). Par exemple : encéphalite rarissime constatée après administration du vaccin rougeole dans 1 cas pour 1 million de doses versus 1 cas pour 1.000 pour la maladie ; le risque, qui est déjà rare, est mille fois moins élevé avec le vaccin qu’avec la maladie
  • Très rarement : hypersensibilité, convulsions fébriles

OUTILS

La FIP « Les vaccins à ARNmessager contre la COVID-19 », les FIM sur la vaccination, la FIM sur les maladies à déclaration obligatoire

Les fiches de vaccination éditées par le Conseil Supérieur de la Santé

Sur le site Vaccination-info.be : Recommandations et calendrier vaccinal & les FAQ

La page de la cellule Vaccination de la SSMG

L’outil d’aide à la décision du Ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec (prenez en compte le contexte québécois différent)

Le site MesVaccins

Les études et analyses du KCE en matière de vaccin

FORMATION

PSMG, Module de formation de 2 heures pour les GLEM, DDG, Cercles, MM, « Vaccination et Prévention : Repères pour la médecine générale »

REFERENCES

CONTACT

Le site de l’ONE, pour la vaccination en Fédération Wallonie Bruxelles

Le site de la Région bruxelloise sur la santé et la vaccination

Le site de référence vaccination.info

La cellule Vaccination de la SSMG

Le site Vax Info, destiné aux médecins et pharmaciens

La plateforme e-vax